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Le QI
Le QI, ou Quotient Intellectuel, est le résultat d'une mesure de l'intelligence réalisée par un test de QI. Le résultat de la mesure se présente sous la forme d'un nombre (par exemple : 124), et n'a de valeur qu'en référence au test correspondant (par exemple : “j'ai eu un score de 124 au test WAIS IV”).
Cette définition amène beaucoup de commentaires, sur ce qu'est l'intelligence, sur les tests de QI, et sur la validité du résultat.
L'intelligence
Voir la page correspondante de douance.org, ou L’approche différentielle de l’intelligence de Jacques Lautrey.
Les tests de QI
Tests pour enfant
- Le WPPSI-III s’adresse aux enfants en deux versions : de 2 ans et 6 mois à 3 ans et 11 mois, et de 4 ans à 7 ans et 3 mois ;
- Le WISC est un test pour les enfants de 6 ans à 16 ans et 11 mois, il a un écart type de 15 ;
- Le K-ABC est un test pour les enfants de 2 ans ½ à 12 ½.
Tests pour adulte
- Le WAIS, ou Wechsler Adult Intelligence Scale, est le test de QI pour adulte le plus utilisé en France. La moyenne est de 100, l'écart type de 15, le score maximum de 160, la version courante est la version IV en France depuis 2011.
- Raymond Bernard Cattell a créé plusieurs tests de personnalité et de QI, le test de QI le plus utilisé étant le Cattell Culture Fair III, familièrement appelé échelle de Cattell. La moyenne est de 100 et l'écart type de ce test est de 24.
- Le test de Stanford Binet, actuellement dans sa cinquième édition. La version 4 a une moyenne de 100 et un écart type de 16, la version 5 a une moyenne de 100 et un écart type de 15. Différentes versions de ce test permettent de mesurer des valeurs de QI très élevées (form L-M pour la version 4, Extended IQ pour la version 5)3)4).
Tests pour surdoué
Il existe des tests spécifiques pour QI élevés (voici une liste). Certains, comme le test Titan créé par Ronald K. Hoeflin, sont considérés comme suffisamment fiables pour évaluer des niveaux de QI d'une personne sur un million, et être admis comme test d'entrée dans une société de surdoués comme The Mega Society.
Limites et défauts des tests de QI
L'indication d'un niveau de QI ne suffit pas, il faut encore savoir à quelle échelle il se rapporte5). Les deux échelles les plus utilisées sont le WAIS et le Cattell, toutes deux avec une moyenne de 100, le WAIS avec un écart type de 15 et le Cattell avec un écart type de 24. Une personne ayant un QI de 100 sur l'échelle de Cattell aura un QI de 100 mesuré par le WAIS, et une personne qui aura un score de 115 au WAIS aura un QI de 124 sur l'échelle de Cattell.
Certains tests, par exemple le WAIS, sont étalonnés par pays, pour que la population du pays ait un QI moyen de 100. Il est donc possible d'avoir un résultat différent au test selon le pays dans lequel on passe le test, la différence pouvant atteindre plusieurs dizaines de points6)7).
De même, certains tests sont étalonnés par tranche d'âge. C'est le cas du WAIS. Pour un même résultat brut aux tests, le QI mesuré dépendra de la tranche d'âge. L'effet de l'âge sur le QI est étudié dans l'article : Le WAIS IV. Il serait hasardeux de dire que deux personnes ayant le même QI sont du même niveau d'intelligence si elles ne sont pas dans la même tranche d'âge ou dans des tranches d'âge proches.
Des chercheurs ont établit qu'en fonction des stimulations, le QI peut gagner ou perdre jusqu'à 20 points chez les jeunes avant 20 ans8)9).
Les consommateurs de cannabis à long terme présentent un déclin du QI entre l'enfance et le milieu de la vie (moyenne = 5,5 points de QI)10)11).
La présentation habituellement rencontrée de la courbe en cloche des QI donne l'impression que la répartition des QI de la population d'un pays est une gaussienne, et que les tests sont étalonnés par pays pour que dans chaque pays l'écart type ait une valeur donnée (15 dans le cas du WAIS). Mais rien ne prouve que la répartition des QI est une gaussienne, en particulier pour les pays qui ont été peuplés par immigration de populations hétérogènes (exemple : les Etats-Unis). Dans le cas où plusieurs populations hétérogènes sont présentes dans un pays, la courbe de répartition des QI pourrait être une superposition de gaussiennes12) :
Vouloir “forcer” sur une telle population un écart type de 15 (cas du WAIS) va alors amener à “comprimer” la dispersion des QI, et à sous-estimer les cas de douance (et de débilité)13). Et, de facto, la modélisation par une gaussienne de la courbe des QI d'une population, telle que le font les tests en parlant de moyenne et d'écart type, est une fabrication, un artifice. La répartition réelle des QI d'une population a toute les chances de ne pas être une gaussienne parfaite, et il est très probable que le nombre de personnes ayant un QI supérieur à 130 (ou deux écart types, pour généraliser) est différent de 2,28%. Il peut très bien y avoir des bosses et des trous un peu partout sur la courbe.
Les tests de QI sont ré-étalonnés lors d'un changement de version (exemple : passage du WAIS III au WAIS IV). Or il a pu être observé que quand on garde une version ancienne d'un test sans la ré-étalonner, il arrive que dans certains pays et sur certaines périodes, le QI moyen de la population, tel que mesuré par ce test invariant, évolue significativement, et augmente de 3 à 7 points de QI par décennie14)15). Cet effet est appelé effet Flynn. Si les tests sont ré-étalonnés périodiquement, il serait donc possible, pour une personne, d'être par exemple testée avec un QI de 137, et 20 ans après avec un QI de 123 tel que mesuré par la version suivante du test, le changement dans le score obtenu ne résultant pas d'un changement de son intelligence mais d'un effet Flynn important en conjonction avec un ré-étalonnage du test (le QI moyen de la population, dans cet exemple, ayant progressé de 14 points sur la période). Note : cette vision de l'effet Flynn est contestée16).
La plupart des tests de QI effectuent une mesure de l'intelligence sur une liste de formes d'intelligence plus réduite que celles identifiées par Howard Gardner17)18). Les formes d'intelligences habituellement testées sont l’intelligence logico-mathématique, l’intelligence spatiale et l'intelligence verbo-linguistique, soit trois formes d'intelligence sur neuf. Ceci dit, l'approche de Gardner est contestée19). Un contre-argument à Gardner est qu'on ne teste pas, dans le WISC ou la WAIS des formes d'intelligence, mais des fonctions cognitives. C'est le résultat global qui est censé “parler”, “évoquer”, rendre compte de l'intelligence. Ces fonctions ne sont plus les mêmes qu'il y a 40 ans.
Le résultat du test présente une grande sensibilité aux difficultés psychologiques et de comportement de la personne qui passe le test. Il est possible de voir une mesure de QI progresser de plusieurs dizaines de points20)21) après traitement des problèmes de comportement.
De même, le résultat du test présente une grande sensibilité à la motivation de la personne qui passe le test. Il est possible d'augmenter cette motivation en proposant une récompense financière en fonction du score obtenu au test de QI. Pour des récompenses inférieures à 10$, l'effet sur le résultat est en moyenne de 0,65 écart-type (soit 10 points de QI pour le test WAIS). Pour des récompenses supérieures à 10$, l'effet moyen peut dépasser 1,6 écart-type (soit 24 points de QI)22)23).
Le résultat du test présente une petite variabilité selon le professionnel qui fait passer le test et calcule les scores, le résultat pouvant varier de quelques points dans un sens ou dans l'autre selon le professionnel24).
Le test Cattell Culture Fair III se veut a-culturel, mais ce n'est pas le cas de tous les tests de QI. Le test WAIS comprend une partie sensible à la culture de la personne qui passe le test, avec des questions du genre “Qui a peint le plafond de la Chapelle Sixtine ?”. Si la personne qui passe le test n'est pas issue de la culture pour laquelle le test a été étalonné, le résultat du test peut être sous-estimé.
De même, le test WAIS est sensible à la langue natale de celui qui passe le test, et si une personne dont la langue natale n'est pas le français passe le test WAIS en français, le résultat du test peut être sous-estimé.
La mesure effectuée par le test est influencée par certains handicaps, notamment ceux en «dys-» (dys-lexie, -orthographie, -graphie, -calculie, -praxie…) qui gênent la personne dans sa compréhension des consignes ou dans leur exécution25), alors que ces handicaps sont assez répandus chez les surdoués. Pour les tests modernes, le manuel du test traite de ces handicaps, le test permettant souvent de les évaluer, sans pour autant que le QI mesuré soit imperméable à l'influence de ces handicaps.
Dans une population “tout-venant”, l'auto-corrélation entre deux mesures de QI pour un même individu à des moments différents varie entre 0,86 26)27) et 0,96 28), ce qui indique une variabilité de la mesure. Pour une population d'individus surdoués, la corrélation entre deux mesures de QI peut tomber à 0,4929).
La cross-corrélation entre plusieurs tests de QI est souvent mauvaise, y compris entre plusieurs versions d'un même test30). En d'autres termes, différents tests ne donnent pas la même valeur de QI31)32).
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Q.I. or not Q.I. ? Là est la question… – Série de 12 articles par Stéphanie Aubertin, sur le blog de Cécile Bost – liste des 12 articles
- Les tests de QI vus par L'association GAPPESM.
- Mainstream Science on Intelligence - résumé des connaissances sur le QI et l'intelligence, signé par 52 experts en 1994, et paru dans The Wall Street Journal (en anglais)
- FAQ QI : page tout à fait remarquable de douance.org sur le QI
- Statistiques sur le QI, très intéressantes, encore chez douance.org
- Jacques Lautrey – Pour l’abandon du QI : les raisons du succès d’un concept scientifiquement dépassé – et autres textes
- Introduction to the WAIS III (en anglais)
- Human Intelligence, Indiana University, avec notamment des articles sur les controverses actuelles relatives à l'intelligence humaine (en anglais)
- Making Gifted Testing Relevant, en anglais. Quelques commentaires sur le WISC-IV, le WPPSI-III, le Stanford-Binet 5 et le Stanford-Binet Form L-M
- Q.I et intelligence humaine – A lire d'un oeil critique.